Actualités Financières
L'affaire de blanchiment d'argent qui Ă©clabousse l'Ă©lite portugaise
Tentaculaire, le plus vaste réseau de
blanchiment d’argent jamais démantelé au Portugal éclabousse l’establishment du
pays.
C’est l’histoire
d’hommes insoupçonnables, accusés d’appartenir au plus vaste réseau de
blanchiment d’argent jamais découvert au Portugal. Les sommes sont telles et
les personnes impliquées si nombreuses, plusieurs centaines, qu’il est difficile
de croire que l’argent coulait à flots sur le seul comptoir poussiéreux d’une
petite boutique de la vieille Lisbonne, qui répond au doux nom de « Monte Negro & Chaves ». Un supposé bureau de change par lequel
transitaient dans un premier temps les fonds, plus de trois milliards d’euros selon la presse, avant
d’atterrir en Suisse, au Cap Vert et de revenir tout propres sur des comptes au
Portugal.
Le circuit, classique, n’étonne que par les ramifications qu’il met au jour.
Parmi les clients, illustres, de la juteuse entreprise lisboète, des hommes
d’affaires, mais aussi des banquiers, notamment mis en cause dans de récents
scandales financiers. Des gros poissons qui se croyaient intouchables et qui
l’ont effectivement été. A l’instar de Ricardo
Salgado, fraîchement débarqué de la première banque privée du pays, la Banque
Espirito Santo (BES), un empire familial qu’il présidait depuis plusieurs
décennies. Une mauvaise gestion de l’établissement et de ses holdings,
médiatisée bien au-delà des frontières portugaises, lui aura coûté son poste.
Il a en effet fallu moins d’un mois aux enquêteurs pour le mettre en examen
dans cette autre affaire de blanchiment d’argent.
Ricardo Salgado a-t-il cependant menti, sous évalué
sciemment ses revenus ? Les enquêteurs s’interrogent, s’intéressent à une
société offshore qu’il détient, la Savoices, et vers laquelle 14 millions
d’euros auraient été transférés en guise de remerciements.
Un cadeau offert par un constructeur, José Guilherme, en échange des précieux
« conseils » du banquier, fin connaisseur du marché angolais.
L’Angola où Ricardo Salgado a d’ailleurs investi depuis longtemps. C’est même
depuis l’ancienne colonie portugaise, aujourd’hui florissante, qu’il se
payerait, en partie. Ainsi 27
millions d’euros, répartis de 2009 à 2011 en douze transactions, ont-ils été
envoyés depuis la filiale angolaise de la Banque Espirito Santo au Panama sur
des comptes dont il serait le bénéficiaire final.
De l’évasion fiscale à grande échelle en somme, qui puise son modèle dans les
méthodes de la célèbre banque suisse UBS. D’anciens cadres de l’institution
helvète se retrouvent d’ailleurs à la tête du réseau portugais, Michel Canals
en particulier, en charge du convoi des fonds. Un long voyage. De Lisbonne Ă
Zurich, Genève puis au Cap Vert où l’argent arrivait sur un compte de la banque
BPN (Banco Português de Negócios) avant d’être rapatrié au Portugal sur les
comptes d’une autre banque, la BCP. D’importants mouvements, dans différents
établissements qui n’ont curieusement pas immédiatement éveillé les soupçons
des autorités de régulation.